Lecture #8C
[samedi 18 septembre 2004]
L’AUTRE SOIR, j’ai vu Hamoudi et il a…commencé à parler du
destin. Encore lui. De toute façon, ici, tout a toujours un rapport avec le destin.
Que ce soit bien ou pas. Eh
ben moi je
me rends compte que le destin, pour l’instant, il m’aime pas trop. Et comme dit Mme Burlaud, j’ai pas fini d’être
déçue. Elle est
pire que perspicace cette
meuf, elle est extralucide. C’est vrai : elle me disait déjà ça avant les vacances et résultat : j’ai passé tout mon été à
galérer.
Alors comme j’avais
rien à foutre, je me suis préparée psychologiquement au retour de Nabil. Je m’attendais vraiment à un événement sensationnel,
genre Souviens-toi le retour de Nabil 2.
Ouais, c’est ça, le retour de Nabil. Nabil, le gros nul.
Je me suis dit que quand il reviendrait, je serais capable de lui dire mes sentiments qui
s’embrouillent
chelou à l’intérieur de moi. Bref, j’étais prête quoi... Et lui, ce petit
con acnéique, il revient de vacances tout
bronzé et il
me connaît plus. Oui, depuis que Nabil est revenu de Djerba, il
me calcule plus. Il passe devant moi sans même me dire bonjour. En plus, il a un
anneau à l’oreille et des
poils sur le
menton maintenant. Il a
grandi,
il flambe, ça y est.
Ça me fait penser au film Grease avec Olivia Newton John et John Travolta. Dans l’histoire, c’est l’été. Olivia et Trav, ils
se kiffent. Ils courent sur la plage, chantent des chansons gaies et s’embrassent sur la bouche au pied des
rochers. Et puis à la
rentrée, Olivia elle est toujours
en kiffe mais Trav, lui, pour flamber devant les
potes du lycée, il
la calcule plus parce qu’il a honte d’elle. Il
s’est bien foutu de sa gueule. Et elle, comme une
bouffonne avec sa
couette et sa robe
rose, elle court pour aller
chialer. Faible femme. Mais le vrai
enfoiré c’est Trav avec son pantalon en cuir
moulant et sa
coupe de guignol. Quand j’ai raconté toute l’histoire avec Nabil à Mme Burlaud lundi...
Pfff. N’importe quoi. En fait, Mme Burlaud elle en sait rien du tout…. Moi je sais seulement que je suis un peu
déçue parce que je croyais qu’il m’aimait bien, c’est tout...